Le problème
du gonflement de la pyrite ( tirer du ACQC )
Découvert au
milieu des années 1930 par les scientifiques, le problème de la pyrite suscite
encore aujourd’hui beaucoup de questions de la part des consommateurs. Depuis
l’automne 1998, moment où les médias ont fait état
de l’ampleur du problème, l’ACQC a
reçu quelques milliers d’appels de citoyens concernés.
On parle du
«problème de la pyrite» pour désigner un phénomène de gonflement de certains
remblais utilisés en construction résidentielle. La pyrite, un minéral de
sulfure de fer, se retrouve dans plusieurs formations rocheuses, dont des
schistes argileux (shale),
une roche sédimentaire tendre ressemblant à l'argile, qui ont pu être utilisés
comme remblais sous les dalles de fondation des sous-sols et des garages.
Sous
certaines conditions spécifiques, l'humidité et l'oxygène provoquent
l'oxydation de la pyrite. La réaction chimique qui s’en suit provoque le
gonflement du remblai susceptible de faire lever la dalle de béton. Dans
certains cas, la sulfatation peut aussi attaquer le béton lui-même. À ce sujet,
lire un article publié dès 1975 dans le Digeste de la construction du Conseil
national de recherches du Canada. Les dommages peuvent aussi atteindre les murs
de fondation du garage, mais rarement ceux du sous-sol.
Les problèmes
liés à la pyrite peuvent apparaître une dizaine d’années après la construction
de la maison, car, généralement, le phénomène évolue lentement, mais il peut
aussi être très rapide ou très lent, ne se manifestant qu’après 15, 20 ou même
plus de 25 ans. Comme les réactions chimiques de la pyrite sont difficilement
prévisibles, le propriétaire concerné sait rarement ce qui l'attend.
Au Québec, le
phénomène est répandu en Montérégie, notamment, mais il est possible de le
retrouver dans plusieurs autres régions autour de la Vallée du Saint-Laurent. Il
touche majoritairement des bâtiments construits durant les années 1980 mais se
retrouve aussi dans des maisons construites avant 1970 ou après 1998.
Résumé du dossier
Dans les
milieux scientifiques, on connaît depuis longtemps le problème du gonflement
des roches contenant de la pyrite. Dans la région de Montréal, le phénomène a
été identifié dès 1985, mais, à ce moment, les autorités croyaient plutôt à des
cas isolés.
Lorsque les
médias se sont emparés de l’affaire, en 1998, l’ampleur du problème a été
découverte. Dès ce moment, l’ACQC a mis tout enœuvre pour aider les propriétaires
de maisons endommagées par la pyrite, notamment en collaborant étroitement avec
la Société d’habitation du Québec (SHQ), en participant à titre
d’intervenant à un colloque organisé par l’Association of Engineering Geologists – Section
de Montréalet en se
joignant au Comité technique québécois d’étude
des problèmes associés à la pyrite.
Dès la
création du Regroupement des comités de victimes
de la pyrite
(RCVP), en juin 1999, l’ACQC a travaillé avec les citoyens victimes de pyrite à
travers le Québec. L’ACQC a également collaboré avec le Comité des victimes
judiciaires de la pyrite (CVJP), un regroupement d’anciens propriétaires alors
poursuivis ou menacés de poursuites en vice caché. Pour plus de renseignements
sur le CVJP, consultez le communiquépublié au moment de sa fondation.
Les deux
organismes, qui sont maintenant inactifs, poursuivaient essentiellement le même
but: convaincre les autorités politiques de mettre en place un programme
d’assistance financière pour la réparation des propriétés endommagées par la
pyrite.
Depuis avril
1999, l’industrie de la construction applique volontairement la norme CTQ-M100,
établie par le Comité technique, qui vise à certifier la qualité non-gonflante
des remblais utilisés en construction. Comme il ne s’agit pas d’une norme
obligatoire, les propriétaires devraient exiger que l’entrepreneur qui effectue
des travaux de construction ou de rénovation sous la dalle de béton leur
fournisse l’original du bon de livraison qui confirme que le concassé utilisé
est certifié«DB».
Pour aider
les propriétaires qui désirent savoir si leur propriété est ou risque d’être
affectée par des problèmes reliés à la pyrite, le Comité technique a aussi mis
au point la norme CTQ-M200 pour encadrer le travail des professionnels
spécialisés dans ce type d’expertise sur les bâtiments existants. L'ACQC
recommande aux propriétaires qui doivent faire effectuer un «test de pyrite» de
choisir un laboratoire reconnu par l'ACLE et d'exiger l'application de la norme
CTQ-M200.
Pour en
savoir davantage sur les normes CTQ-M100 et CTQ-M200, consultez la page du Comité technique québécois d’étude
des problèmes associés à la pyrite.
Comment identifier un problème de pyrite?
Les problèmes
de gonflement des remblais pyriteux peuvent être confondus avec d’autres. Si
vous pensez être victime de problème relié à la pyrite, consultez notre page Avez-vous un
problème de pyrite?, qui explique les différents signes révélateurs et qui vous renseigne
également sur les mesures à prendre pour suivre l'évolution du phénomène.
Si les
dommages sont sévères ou s'ils évoluent rapidement, si une transaction immobilière
est en jeu ou s'il est question d'un recours devant le tribunal, vous auriez
intérêt à retenir les services d'un professionnel du bâtiment et au besoin, à
faire faire une analyse du remblai par un laboratoire spécialisé. À ce sujet,
le Comité
technique québécois d'étude des problèmes de gonflement associés à la pyrite a élaboré un protocole (CTQ-M200)
qui définit dans le détail le cadre d'une bonne expertise sur les bâtiments
existants.
Les vendeurs
de maisons qui font faire une expertise pour déterminer le potentiel de
gonflement du remblai risquent de devoir faire face à la présence de pyrite. Du
coût, si le résultat est positif, leur maison vient d'en prendre pour son rhume
sur le marché. Et pourtant, la dalle de cette maison ne se soulèvera peut-être
jamais! Par contre, si vous vendez une maison, sachez que dans trois, cinq, dix
ou trente ans, vous pourriez recevoir une mise en demeure. À moins de vendre sans garantie légale. Si vous vendez ou achetez une
maison potentiellement affectée d'un problème lié à la pyrite, nous vous
invitons à bien prendre le temps de vous informer en consultant notre guide La
pyrite et votre maison (voir plus bas).
Comment s’en débarrasser?
Comme aucun
procédé permettant de neutraliser le phénomène d’oxydation n’a été trouvé à ce
jour, la meilleure façon de se débarrasser des problèmes reliés à la pyrite consiste
principalement à briser la dalle, retirer tout le remblai et les débris de
béton et à refaire une nouvelle dalle sur du remblai non gonflant
(certifié«DB»). Notre page «On arrache tout et on recommence!» vous explique en détails les
travaux à effectuer. Vous pouvez également consulter notre devis-type de
réparation des maisons affectées par la pyrite.
Mais avant de
songer à ces travaux coûteux, évaluez bien l’ampleur des dommages, car il n’est
pas toujours nécessaire d’effectuer les réparations.
Quels sont les recours légaux possibles?
Le gonflement
des remblais de fondation entraîne souvent une cascade de poursuites
judiciaires entre citoyens vendeurs et acheteurs de maisons. Ces chaînes, où
ceux qui s'enrichissent le plus sont probablement les avocats, peuvent remonter
jusqu'aux années 1960 et impliquer trois ou quatre vendeurs et acheteurs,
parfois un constructeur. Des gens qui, pour la plupart, n'avaient jamais
entendu le mot «pyrite».
Vos
principaux recours sont le recours en
vice caché contre le propriétaires précédant ou, si le bâtiment
a été acheté neuf, en vice de
construction contre le constructeur, s’il est toujours en
affaires et toujours solvable. Si vous envisagez une poursuite ou si vous-même
êtes menacé d'une poursuite, l’ACQC vous recommande de consultez un avocat
spécialisé dans le domaine immobilier. Pour réduire les frais, vous pourriez
avoir avantage à porter votre cause devant la Division des petites créances,
qui peut accueillir des poursuites en vice caché où la valeur des dommages
réclamés n'excède pas 7000$.
Pour intenter
un recours en vice caché, vous devez, aussitôt que vous avez connaissance du
problème, envoyer au vendeur une lettre de dénonciation ou une mise en demeure.
Vous aurez par la suite trois ans pour porter votre cause devant les tribunaux.
Lisez à ce
sujet la chronique Problème de pyrite? Moins de six
mois pour réagiret consultez nos exemples de
lettre de dénonciation.
Consultez la page des
références de jurisprudenceque nous avons recensées à ce jour. Si vous connaissez vous-même
d'autres jugements sur la question ou d'autres articles utiles, nous
apprécierions, au bénéfice de tous les consommateurs, que vous nous en fassiez part.
Programme d’aide financière pour les propriétaires
En 2000,
après des mois d'efforts des citoyens concernés et de l'ACQC, le gouvernement
du Québec, en collaboration avec le gouvernement du Canada, a mis en place un
programme de subvention pour les propriétaires victimes de la pyrite, dont
l’application est confiée aux municipalités participantes. Pour être admissible,
le permis de construction de votre résidence doit avoir été émis avant le 15
avril 1999.
Le Programme
d’aide aux propriétaires de bâtiments résidentiels endommagés par la pyrite a
été créé pour aider les propriétaires à apporter les correctifs nécessaires
pour éliminer la pyrite. L’aide financière varie, entre autres, selon le type
et la valeur de résidence, et le niveau de contribution de la municipalité. Il
s’applique aussi rétroactivement pour les travaux effectués entre le 1er
janvier 1997 et le 19 juillet 2000.
Vous
trouverez sur le site de la SHQ la liste des
municipalités qui participent au programme. Si votre municipalité n’en fait pas partie,
vous pouvez tout de même avoir droit à une subvention, qui correspondra aux
montants fournis par les gouvernements provincial et fédéral.
Le programme
s’appliquant uniquement à la partie résidentielle du bâtiment et le garage
n’étant pas considérée comme un espace résidentiel, notez que la réparation des
dommages dans cette section de la maison n’est admissible que dans la mesure où
les dommages affectent la partie résidentielle.
Pour plus
d’information sur le programme et pour connaître les différentes conditions
d’admissibilité, consultez les pages Aide aux propriétaires de bâtiments
résidentiels endommagés par la pyrite et Vous êtes
propriétaire d’une maison endommagée par l’oxydation de la pyrite de la Société d’habitation du
Québec (SHQ), et la page Programme
d’aide aux propriétaires de bâtiments résidentiels endommagés par l’oxydation
de la pyritede Services Québec.
Pour les
citoyens de Montréal, vous pouvez consulter la page Programme
d’aide financière pour les bâtiments endommagés par la pyrite sur le site de la Ville.
L’ACQC vous
invite également à communiquer avec votre municipalité pour qu’elle vous
renseigne sur les modalités du programme.
Publications
En 2003,
l'ACQC publiait la deuxième édition du guide La
pyrite et votre maison: mieux comprendre le phénomène du gonflement des
remblais sous dalle. Ce document vous aide en répondant aux
questions courantes au sujet de la pyrite, qu’elles soient d’ordre
scientifique, technique ou légal. La brochure propose, entre autres, des
conseils concrets pour évaluer l’ampleur du problème, suivre l’évolution du
gonflement des remblais et le ralentir, et pour savoir quoi faire au moment de
transactions immobilières.
Pour plus de
détails, vous pouvez consulter la table des matières du guide et le communiqué de presseparu lors de la publication de la
première édition.
Disponible
gratuitement en français et en anglais, vous pouvez également télécharger cette brochure par Internet (version anglaise : Pyrite And Your House). Notez que pour lire ce document,
vous devez disposer du gratuiciel Acrobat Reader.
Par ailleurs,
l'ACQC a produit un devis-type
de réparation des maisons affectées par la pyrite ainsi qu'une fiche d'information sur les
clauses à insérer dans un contrat de rénovation. Pour plus
d’informations, consultez la page de nos publications.
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